Habiter autrement ou quand l’architecture libère la maison
Dans son ouvrage “Habiter autrement”, l’architecte et journaliste Maryse Quinton invite, à travers 23 maisons atypiques, à réfléchir sur notre manière d’habiter.
Déconstruire notre manière d’habiter
Maryse Quinton a sélectionné 23 maisons atypiques réalisées sur plusieurs continents, au sein de paysages et sous des climats ayant peu de points communs. Des maisons individuelles conçues par des architectures aux pratiques différentes, avec des budgets disparates. Mais toutes ont été pensées pour répondre aux besoins, aux aspirations et aux rêves de leurs habitants, rendant visible un désir de la société actuelle, celui d’« habiter autrement », désir exacerbé depuis le confinement. Mais attention, ici, aucun jugement dans l’emploi du terme « autrement », comme nous le rappelle Maryse Quinton. « Autrement » est employé dans son sens premier : différemment, d’une autre manière.
23 maisons audacieuses pour sortir du cadre
De la maison Viking de 12m2 à Fermanville à la maison-mur en Espagne, de la maison intergénérationnelle à Shanghai à la maison flottante à Amsterdam, les 23 maisons présentées créent la surprise. Toutes sont aux antipodes des maisons pensées de manière inflexible : la cuisine à sa place, les chambres fermées sur elles-mêmes, les salons au plan similaire. Elles cassent les codes, rien n’est figé ; elles invitent leurs habitants à se réinventer en permanence. Ici, le jardin s’immisce à l’intérieur de la maison, là la salle de bains est sur le toit, à l’air libre, ailleurs la maison change de taille en fonction des saisons. Quoi de mieux pour déconstruire nos idées reçues sur la manière d’habiter l’espace et nous inviter à sortir de la vision fonctionnelle du logement.
Mais que signifie vraiment habiter ?
Ces maisons sont aussi l’occasion d’une réflexion plus large sur la notion d’habiter utilisée dans un sens très réducteur aujourd’hui. Or, habiter, c’est donner du sens à un lieu, l’investir, se l’approprier en y insufflant ses habitudes de vie. Cela engage notre rapport aux autres et plus largement au monde. « La maison est une construction de notre espace mental », précise Maryse Quinton. Nos souvenirs sont souvent liés à des lieux, la maison de notre enfance, celle de nos grands-parents, celle de nos vacances ; ces lieux font partie de notre histoire, de notre mémoire. Et finalement « ce n’est qu’en l’habitant que l’on fait véritablement d’une maison une maison ».
Une définition parfaitement illustrée par ces vingt-trois maisons qui ont en commun de s’inscrire dans le temps long. Autosuffisantes, intergénérationnelles, respectueuses de l’environnement mais aussi évolutives, poétiques, ouvertes à la vie extérieure selon le lieu où elles prennent place, ces vingt-trois maisons sont une ode à la liberté retrouvée !
Maryse Quinton, Habiter Autrement, Quand l’architecture libère la maison, Editions La Martinière, 2021.